Avec Tindemans, disparaît une fois de plus une prétendue « figure de proue », un « homme d’Etat avec une vision », comme le déclarait le premier ministre Français Manuel Valls (PS !).
Tindemans n’est cependant pas si apprécié dans son propre pays. Nous lisons par exemple dans le Standaard du 27 décembre : « Néanmoins, notre histoire ne connaît aucun autre politicien qui a fait si peu avec son autorité morale ».
Tindemans était le politicien CVP classique d’après-guerre par excellence. Il devint secrétaire politique du CVP en 1958 et succéda à Frans Van Cauwelaert à la Chambre en 1961. En 1968, il devient ministre pour la première fois dans le gouvernement de Gaston Eyskens qui gouverne de juin 1968 jusqu’à la fin de 1972 avec une coalition classique catholique-rouge de socialistes et démocrates-chrétiens (encore des partis unitaires à cette époque).
Dans le gouvernement suivant, sous le premier ministre socialiste Leburton, Tindemans est pour la première fois vice-premier pour le CVP et ministre du budget. Mais le gouvernement tombe et après des élections réussies où Tindemans récolte 82.000 voix de préférence dans la province d’Anvers, il devient lui-même formateur. Il constitue un cabinet de minorité de chrétiens-démocrates et libéraux, plus tard le Rassemblement Wallon y est adjoint. Tindemans ne réussira pas à offrir une solution à la crise économique et communautaire. durant ce gouvernement.
La concertation sociale avec les syndicats échoue, le parlement vote en 1976 un plan de redressement drastique, et cette politique d’économies signifie une confrontation dure avec les syndicats. Lorsqu’en 1977, le plan économique Egmont arrive sur la table (avec une attaque sur l’indexation des salaires !) les syndicats annoncent des grèves du vendredi successives qui vont en crescendo et qui mènent à la chute du gouvernement Tindemans Ier.
En avril 1977 Tindemans décroche une nouvelle grande victoire électorale avec 134.000 voix de préférence et il forme un nouveau gouvernement Tindemans II. C’est une coalition catholique-rouge, à laquelle, pour la première fois dans l’histoire, prennent aussi part le FDF et la Volksunie. Le but est de réaliser une réforme radicale de l’Etat. On veut un règlement pour les Francophones dans la périphérie Bruxelloise en échange de la scission de l’arrondissement Bruxelles-Halle-Vilvoorde (il y a 37 ans de ça maintenant) .
Il y a de la résistance principalement au sein des partis Flamands (aussi au sein du CVP, alors encore unitaire, du président Martens). Le Conseil d’Etat émet des critiques et c’en est trop pour Tindemans. Le 1er octobre, il démissionne subitement à la Chambre avec une sortie dramatique. Il va trouver le roi sans être annoncé et Baudouin accepte sa démission. Paul Vanden Boeynants, un PSC de Bruxelles, forme un gouvernement de transition qui ne tient pas le coup un an.
En avril 1979 le premier gouvernement sous la direction de Martens se constitue. Wilfried Martens sera chef de gouvernement jusqu’en 1989 (avec un intermezzo d’une dizaine de mois sous la direction de Marc Esykens, oui le fils de).
Tindemans n’a donc pas réussi à réaliser la réforme de l’Etat et pas non plus à imposer une politique radicale de redressement contre la population laborieuse /:la population des travailleurs.
Tindemans devient président du CVP entre 1979 et 1981. Sous sa présidence, le CVP connaîtra aussi sa pemière grande défaite électorale, par laquelle le parti perd plus de dix pour cent des voix (de 43% à 32%).
Tindemans devient ministre des Affaires Etrangères dans les gouvernements IV, V et VI de 1981 à 1989. La politique étrangère de Tindemans en est une de fidélité absolue envers l’OTAN et envers Washington. Les missiles nucléaires sont tout de même placée dans notre pays, Tindemans soutient le régime de Mobutu, n’émet pas vraiment de critique sur le régime d’Apartheid en Afrique du Sud et suit fidèlement la nouvelle ligne de Reagan et Tatcher dans les années 80.
Sur le plan idéologique, Tindemans était un authentique Flamand catholique à l’ancienne mode. Il était rigide et têtu. Son regard sur les nouveaux développements sociaux en Flandre après 1968 était arriéré. Les partis furent réformés radicalement, nous voyons la naissance du Vlaams Blok, la montée d’Agalev (plus tard les Verts) etc, mais Tindemans était fermement figé dans les vieilles structures unitaires et autoritaires du parti.
C’est la raison fondamentale pour laquelle la mémoire de cet homme avec du charisme et une vision Européenne ne doit pas vraiment être commémorée.