Au début de la Guerre froide, les communistes états-uniens et sympathisant.e.s sont considérés comme étant des ennemis intérieurs. En 1947, dix réalisateurs, les ‘Hollywood Ten‘ doivent comparaître devant le House Comittee of Un-American Activities, où ils refusent de collaborer. Le scénariste Dalton Trumbo est l’un d’eux et atterrit pour cela en prison. Après avoir purgé une peine de 11 mois, Trumbo se retrouve sur la liste noire de Hollywood, ce qui implique qu’il n’a plus le droit d’écrire des scénarios. Trumbo continue cependant à écrire clandestinement des scénarios qui sont publiés sous un autre nom. Il gagne même deux Oscars. En 1960 il reçoit les visites du réalisateur et producteur Otto Preminger mais aussi de l’acteur Kirk Douglas, qui lui proposent d’écrire les scénarios pour Exodus et Spartacus. Cette fois le nom de Trumbo apparaît au générique des deux blockbusters : l’interdiction est brisée.
Le film est le récit biographique de Dalton Trumbo, inspiré du livre de Bruce Alexander Cook (1977). Le personnage principal, interprété par l’acteur Bryan Cranston, est ainsi suivi de près. La psyché et les attitudes de Trumbo occupent une place centrale dans le film. Jusqu’au moment de sa condamnation, l’homme résiste contre la chasse aux sorcières à Hollywood, et lorsqu’il est mis sur la liste noire, Trumbo travaille durement pour entretenir sa famille financièrement mais aussi pour poursuivre ses ambitions professionnelles de scénariste à succès. Dans cette période où il est surmené au travail, Trumbo néglige sa vie familiale avec son épouse et ses enfants.
Bien qu’il s’agisse d’une histoire politique au sujet de la persécution politique d’un artiste en raison de son appartenance au Parti communiste des Etats-Unis, on voit peut de politique dans ce récit de vie sur Trumbo. Il se déclare communiste mais donne peu de contenu à cette conviction, à l’exception de son positionnement pour un société plus égalitaire aux États-Unis. La présentation de Trumbo comme un communiste-bisounours sert peut-être à démontrer que des personnes peu radicales ou peu actives politiquement subissaient aussi la politique de chasse aux sorcières. Un autre élément politique qui se présente dans ce biopic est l’engagement grandissant de sa fille dans le mouvement émergent des droits civiques. Mais obsédé par sa carrière cinématographique, Trumbo réagit avec un manque total d’intérêt.
L’histoire est passionnante et se termine par un ‘happy end’ quand apparaissent tout à coup les stars Otto Preminger et Kirk Douglas qui proposent à Trumbo d’écrire les scénarios de deux futurs classiques d’Hollywood. L’ingéniosité politique de ce biopic consiste à avoir pris le cas fascinant de Dalton Trumbo pour raconter l’histoire plus générale de la période anti-communiste du Maccarthysme aux États-Unis. À la fin du film, on évoque en effet les nombreuses victimes de cette politique qui se sont retrouvées dans la misère et la dépression après avoir reçu une interdiction d’exercer leur métier d’artiste, de fonctionnaire, de scientifique, etc.
Le film est sorti en salles fin avril et est encore au programme à Bruxelles à UGC Toison d’Or et à l’Actor’s Studio.