Donald Trump, président de la première puissance économique et militaire mondiale, devrait poser les pieds à Bruxelles au mois de mai. Un sommet de l’OTAN est en effet prévu les 24 et 25 mai prochains. Un rendez-vous important pour cette organisation militariste et impérialiste née en pleine Guerre froide et vieille de 68 ans. La résistance s’organise…
A l’agenda du sommet, par exemple, il y a la question de la modernisation des arsenaux nucléaires, dans un contexte où Trump a eu des déclarations laissant entendre qu’il défendrait une nouvelle course aux armes nucléaires. Autre question à discuter lors de ce sommet, le respect de l’objectif de l’alliance que chaque Etat membre consacre 2% de son PIB au budget militaire au plus tard en 2024. Seuls cinq des 28 pays de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) respectent actuellement cet objectif, dont la Grèce… L’administration Trump envoie des signaux contradictoires entre le président US qui déclare l’OTAN obsolète et son secrétaire à la défense, et le général Mattis – appelé «le chien fou» – qui déclare le soutien indéfectible des Etats-Unis à l’alliance impérialiste. Trump pourrait donc bien demander la hausse de cet objectif de dépenses militaires. L’agression russe en Ukraine offre du pain bénit aux partisans d’un renforcement de l’OTAN à l’Est. Les Etats baltes ou encore la Pologne réclament plus de soutien de leurs alliés occidentaux. L’OTAN envisage aussi de renforcer des partenariats en Asie, comme avec le Japon. Le Brexit favorise les débats au sein des classes dominantes, notamment en France et en Allemagne, sur un renforcement de la militarisation de l’Union européenne (UE), pendant que l’OTAN joue déjà à la chasse aux réfugié.e.s en Méditerrannée, en soutien à l’agence Frontex et à l’Europe forteresse.
En Belgique, le gouvernement Michel a approuvé un plan en juin 2016 pour que le budget de la Défense atteigne 1,3% du PIB en 2030 – contre 0,9% aujourd’hui. Soit une hausse d’au moins 2,6 milliards d’euros. Ajoutons à cela l’achat de 34 avions de chasse F-35 prévu par notre gouvernement pour la somme de 15 milliards d’euros (tous frais compris), et on constate une fois encore que l’offensive capitaliste, raciste et autoritaire actuelle dégage une odeur de soufre et de guerre. Une campagne a lieu contre l’achat de ces avions, justement adaptés pour porter les armes nucléaires modernisées des Etats-Unis et stockées chez nous à Kleine Brogel.
Mais le mouvement dit «antiguerre» est mal en point, en Belgique aussi. Beaucoup d’organisations, comme Intal, Vrede et même la CNAPD (Coordination nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie) ont sombré partiellement ou parfois totalement dans la justification de graves agressions militaires et de crimes de guerre que ce soit en Syrie ou en Ukraine, au nom d’une politique qui dénonce l’OTAN comme unique source de guerre, qui euphémise de façon caricaturale les guerres d’Assad et Poutine ; et qui efface dans son discours l’existence même de mouvements sociaux dans les pays concernés.
Les anticapitalistes et internationalistes, dont nous sommes, n’ont pas cédé sur les principes: nous nous sommes opposé.e.s aux interventions militaires de la Belgique, que ce soit en Afghanistan ou plus récemment en Irak. Celles-ci n’ont jamais eu pour but d’aider les populations locales. Pour autant, nous n’avons eu de cesse de dénoncer la brutalité d’Assad et Poutine, entre autres, et de défendre une solidarité internationale des mouvements populaires pour la justice sociale, les libertés démocratiques et contre toutes les guerres contre-révolutionnaires, celles des dictatures bourgeoises corrompues comme celles des puissances impérialistes de première ou de seconde zone.
Une occasion pour reconstruire le mouvement antiguerre
Cela étant, la venue de Trump en Belgique est une occasion de choix pour le mouvement social, toutes composantes confondues, de se réveiller, de se réunifier, et de le faire sur des bases politiques saines et unitaires. Trump, par l’agenda capitaliste, hétéro-sexiste, raciste, militariste et destructeur de la planète qu’il représente, nous met face à nos responsabilités tout en permettant une convergence des luttes comme on en a rarement vue! C’est pourquoi un processus se met en place pour préparer une manifestation qui, pour être massive et pluraliste en mai, devrait refléter de façon démocratique toutes les composantes du mouvement social en Belgique, et ne pas épargner non plus les petits Trump belges, comme Théo Francken, ou simplement les laquais du Trumpisme, comme Charles Michel.
Le mouvement doit s’appuyer sur les mobilisations féministes, celles des scientifiques et celles des anti-guerre notamment, mais sans oublier la dimension antiraciste, la lutte contre l’Europe forteresse et pour la régularisation des sans-papiers, et, last but not least, le mouvement syndical. Rendez-vous le 24 mai pour montrer au monde que la Belgique ne veut pas de Trump et de son monde!
Article paru dans La Gauche #81, mars-avril 2017.