La manière dont la presse a couvert le vote, le jeudi 23 mai au Sénat, du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union européenne (TSCG) est symptomatique. Elle reflète l’intention des politiques de faire passer ce texte à l’insu de la population et, surtout, sans susciter aucun débat sur les politiques d’austérité imposées en Europe.
Rappelons-nous la question posée à l’eurodéputé Ecolo, Philippe Lamberts, par le journaliste du Vif L’Express, François Brabant, lors d’une interview en mars dernier : « Depuis plusieurs mois, il plane une incertitude quant au moment exact où le traité sera mis à l’ordre du jour au parlement fédéral et dans les parlements régionaux. Comment l’interprétez-vous ? ». Et la réponse de Philippe Lamberts: « Pour les éminences socialistes, je pense que l’objectif était de choisir le moment approprié pour faire passer le truc sans que ça se voit ».
Jeudi dernier, « le truc » est effectivement passé « sans que ça se voit ». Le jour-même, les principaux médias francophones du pays se sont contentés de deux dépêches de l’agence Belga, de quelques lignes à peine, sans aucun contexte ni explication sur ce qu’est le TSCG et quel est l’impact de ce vote. Le sujet, pourtant d’une importance capitale, est emballé en quelques lignes, sans faire de vagues.
Sans surprise, le PS a voté pour le TSCG. La FGTB Charleroi-Sud Hainaut signale à juste titre que « le Parti socialiste a clairement et historiquement choisi le camp du capital pour ceux qui en douteraient encore ! Il vient de renier définitivement et irrévocablement son appartenance à la gauche ». Ecolo, qui a voté contre au Sénat, nage en plein délire schizophrénique puisqu’il pourrait voter pour dans les assemblées régionales où il est au pouvoir!
Mais le traité peut encore être bloqué! Si un seul des parlements régionaux ou communautaires le rejette, le texte ne pourra pas être approuvé par la Belgique. C’est pourquoi nous soutenons la mobilisation convoquée par la FGTB Wallonne ce mercredi 29 mai à Namur, à l’occasion de la séance plénière au Parlement Wallon.
Enfin, nous reproduisons ci-dessous un article d’Olivier Bonfond sur le sujet, publié dans La Gauche de novembre-décembre 2012. — LCR-Web
Tout faire pour bloquer le traité budgétaire en Belgique
par Olivier Bonfond
Dans les semaines à venir, les sept parlements de Belgique vont très probablement voter, dans l’indifférence des grands médias, le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG), également appelé traité budgétaire européen. Ce traité représente une grande menace pour la Belgique, tant sur le plan économique que démocratique. Il faut donc tout faire pour que celles et ceux qui sont sensés représenter nos intérêts ouvrent les yeux et refusent de ratifier ce texte.
Une règle d’or absurde, injustifiable, antidémocratique et économiquement insensée
Absurde. Un des éléments les plus importants de ce traité est qu’il durcit les critères de Maastricht, en particulier en abaissant le seuil maximum de déficit budgétaire de 3% à 0,5% du PIB. Soyons clairs : aucun Etat membre n’arrivera à respecter ce critère. Au cours des trente dernières années, la Belgique n’a connu un déficit budgétaire inférieur à 0,5 % qu’à sept reprises. Aujourd’hui, alors que la récession s’installe dans l’UE et que les Etats ont déjà toutes les peines du monde à atteindre 3% de déficit, fixer un plafond de 0,5% est tout simplement absurde.