Les tueries de Charlie Hebdo et de la porte de Vincennes ne doivent pas nous empêcher de réfléchir. Bien au contraire, elles ont ouvert une période de questionnements et de doutes chez des millions d’entre nous, auxquels il faut apporter des réponses, quand bien même celles-ci ne sont pas dans l’air du temps et ne sont pas consensuelles, afin d’éviter que d’autres n’imposent leurs réponses guerrières, sécuritaires et racistes. Ce qui suit est une tentative de réponse, incomplète, à certains de ces questionnements, mais aussi la formulation de pistes de travail et d’action ; d’où un ton que d’aucuns trouveront peut-être parfois un peu prescripteur, mais qui révèle avant tout une préoccupation : agir pour ne pas subir.
La situation actuelle, quand bien même elle favorise le pouvoir en place et les discours réactionnaires, n’est donc pas une situation dans laquelle les anti-impérialistes et les antiracistes sont désarmés. Les millions qui ont été abasourdis, s’interrogent et refusent de se retrouver dans la rhétorique de la « défense » de « notre modèle » et de « nos valeurs » ne sont pas condamnés au silence, et des réponses radicales peuvent être apportées. Des réponses radicales tout d’abord au sens où l’entendait Marx lorsqu’il écrivait « [qu’]être radical, c’est prendre les choses par la racine ». Des réponses radicales, également, dans la mesure où ce sont aujourd’hui des changements profonds, et donc la remise en cause d’un système qui génère structurellement inégalités, exploitation et violence, qui sont nécessaires.