Le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls a soudain découvert les amitiés d’extrême-droite de Dieudonné. Il n’y a aucun doute que Dieudonné, contrairement à ce que pensent de nombreux jeunes des couches populaires, est lié au Front national, aux milieux antisémites négationnistes et autres courants fascistes. Dieudonné et son ami Alain Soral se présentent comme des « antisystème », mais Soral tente de toutes ses forces de construire un mouvement idéologique fascisant, et ses déclarations contre les immigrés et contre le mouvement ouvrier ne manquent pas. Ce sont des ennemis, au même titre que le FN et les groupes nazis comme les Identitaires.
Mais, là où il y a une arnaque, c’est quand Valls prétend vouloir interdire les spectacles de Dieudonné au nom de l’ordre public et de la lutte contre l’antisémitisme. Comme Sarkozy l’avait fait avec Le Pen, le ministre de l’intérieur se présente comme le champion de la lutte contre l’extrême droite… alors qu’il est en train de battre les records d’expulsion d’étrangers du gouvernement précédent, de faire des déclarations racistes contre les Roms et qu’il va jusqu’à regretter qu’il n’y ait pas assez de « white » et trop de noirs à Evry.
Alors que Hollande est en première ligne pour soutenir Israël et sa politique d’apartheid, les attaques de Valls contre Dieudonné ne peuvent que favoriser les amalgames entre antisionisme et antisémitisme… au plus grand profit de Dieudonné et de ses amis d’extrême-droite.
La campagne de Valls contre Dieudonné arrive aussi à point nommé pour détourner l’attention sur le fait que les chiffres du chômage sont catastrophiques, que l’économie est au plus bas, que la TVA augmente, et que Hollande vient d’annoncer vouloir faire 30 milliards de cadeaux sur les cotisations patronales, aux dépens des salariés.
Le résultat est connu d’avance : la politique de ce gouvernement, dans le climat raciste actuel, donnera sans doute aux municipales une nouvelle montée du Front national. L’interdiction des spectacles de Dieudonné, comme du FN ou de groupes d’extrême droite n’aura comme effet que de les poser en victimes du système et donc de les renforcer. De plus, cela créera un dangereux précédent qui pourrait se retourner contre la gauche radicale, le mouvement social et même contre la liberté d’expression en général. La seule réponse efficace, c’est la construction d’un mouvement antifasciste unitaire, dans les quartiers, les entreprises, les universités, pour contrer l’extrême droite et la galaxie fascisante qui gravite autour.