Comme l’a écrit l’Anticapitaliste (n°231 du jeudi 27 février), une lutte de classes centrale se joue aujourd’hui au Venezuela. L’offensive de la droite continue et le gouvernement de Maduro est marqué par la conciliation et la paralysie. Les dangers pour le mouvement ouvrier et la population sont énormes.
Chavez est mort le 5 mars 2013. Un an plus tard, la principale célébration à Caracas a été un défilé militaire… La droite continue ses manifestations de rue et ce samedi 8, elle s’est encore mobilisée. La gouvernement répond par la répression mais est incapable de toute initiative et ne peut faire face à la situation économique catastrophique. C’est une crise radicale d’un régime bonapartiste et nationaliste, même s’il continue à avoir l’appui d’une majorité de la population.
L’impérialisme et la bourgeoisie demandent un gouvernement d’unité nationale et un programme économique d’ajustement liquidant l’intervention de l’État et les budgets sociaux. Le principal dirigeant politique de la droite, Henrique Capriles, vient d’appeler au dialogue : « il faut laisser la violence derrière nous ».
Mardi 11 mars, Michèle Bachelet est devenue la nouvelle présidente du Chili et Nicolás Maduro et Joe Biden (vice-président des USA) étaient ensemble à Santiago. Joe Biden a donné une interview au Mercurio dans laquelle il attaque violemment le gouvernement vénézuelien. Mais il rappelle aussi que les USA ont appuyé l’éviction de Pinochet en 1989, une façon de dire que le gouvernement d’Obama n’est pas favorable à un coup d’État aujourd’hui à Caracas. Le gouvernement de Maduro a tout de suite déclaré qu’il est prêt à « reprendre et renouveler les relations avec le gouvernement des USA » et a décidé de nommer un nouvel ambassadeur.
Qui doit payer ?
Le coup d’État n’est pas à l’ordre du jour. Les appels contre le fascisme, contre un possible coup d’État, et l’appui au gouvernement de Maduro, ne peuvent constituer la colonne vertébrale d’une politique de lutte contre la mobilisation de la droite, car cela laisserait de côté la question centrale de la lutte de classes : qui doit payer la crise ?
Le gouvernement et le PSUV favorisent une « militarisation » de l’exercice du pouvoir pour préparer un programme d’ajustement et sortir à leur manière de la crise. L’ inflation est de plus de 3 % par mois (janvier) et la population souffre d’un manque croissant de produits de base. Cela se combine avec une crise de la dette, un marché noir du dollar, des profits spéculatifs fantastiques et une fuite des capitaux de plus de 150 milliards. De plus, la production de pétrole (la seule ressource du pays) recule, et le gouvernement négocie de nouveaux accords avec les grandes compagnies.
Pour que la crise soit payée par les capitalistes et non par la population, il faut la mobilisation : grève, comités de quartier, expropriation générale de la bourgeoisie et contrôle ouvrier et populaire. C’est un programme qui peut unifier le mouvement ouvrier et la population contre la droite réactionnaire et la politique de concessions du gouvernement. Des noyaux militants pour le développer existent et devraient se coordonner pour une activité commune d’agitation et organisation. C’est la tâche de l’heure.
Source : NPA