Environ 150 militants des trois grands syndicats du secteur public (CGSP, CCSP et SLFP) ont protesté le mercredi 13 avril 2016 contre les nouveaux plans du gouvernement concernant les pensions des fonctionnaires.
Valorisation des diplômes et congé de maladie
Ces plans contiennent entre autres la suppression de la bonification du diplôme (par laquelle des fonctionnaires peuvent faire peser dans le calcul de leur pension les études qui sont nécessaires pour pouvoir exercer une fonction déterminée) et des limitations en ce qui concerne le congé de maladie (le prétendu crédit-maladie serait démantelé, de telle sorte qu’après un mois de maladie, les fonctionnaires, tout comme dans le secteur privé, devraient retomber sur le fonds des maladies- seulement les fonctionnaires ne contribuent pas à la sécurité sociale).. Pour dorer la pilule, les fonctionnaires contractuels se voient offrir un prétendu « deuxième pilier » pour leur pension. Mais il n’est pas dit qui va le payer…
Flexibilité ou arbitraire
Ces mesures viennent en plus de la sinistre politique déjà appliquée. Nous pensons par là à l’introduction de la flexibilité concernant la place de la mise au travail pour les fonctionnaires fédéraux (qui peuvent ainsi être déplacés d’un claquement de doigt vers des bureaux ou des services éloignés), à l’introduction de l’arbitraire dans la manière dont les mutations peuvent arriver, au renforcement de la sévérité dans les règles d’évaluation et à l’aggravation du droit disciplinaire. Ces quatre dernières mesures ont été rejetées dans leur entièreté par la seule ACOD-CGSP. Les syndicats chrétiens et libéraux étaient d’accord sous conditions avec les trois premières mesures.
De la division…
Le résultat semblait causer par là une rupture dans le front commun syndical chez les fonctionnaires. Il est vrai que la CGSP-ACOD a appelé immédiatement à une grève de 24 heures le 26 avril 2016. La division menaçante pesait naturellement en sens négatif.
…au rétablissement du front commun
Le meilleur militant des syndicats semble naturellement être le gouvernement lui-même. En mettant de nouveau les pensions de fonctionnaires en ligne de mire, il semble ressouder le front commun syndical de la fonction publique. Les syndicats tant chrétien que libéral ont fait savoir qu’ils se joindront à l’action de grève fédérale de la CGSP.
Semaine du Service Public
A côté de la grève du mardi 26 avril, la CGSP-ACOD organise un « Semaine du Secteur Public » dans toute la fonction publique. Cette semaine commence le lundi 25 avril avec la distribution de tracts dans nombre de lieux publics. La CGSP espère ainsi pouvoir ainsi contrer dans une certaine mesure les continuelles campagnes antisyndicales des medias à propos des syndicats et des services publics. Le 26 avril, il y aura donc la grève de 24 heures pour les fonctionnaires fédéraux mais à côté de ça, des actions provinciales de toutes sortes seront aussi organisées. Il faut remarquer que ces actions provinciales n’ont été planifiées que lorsqu’il a semblé que dans le cadre du niveau de sécurité 3, il n’y aurait pas d’autorisation donnée pour une manifestation à Bruxelles… Le 27 avril, la CGSP-ACOD organise donc de nouveau deux (ou trois ?) concentrations intersectorielles de militants. Les militants ACOD flamands se réuniront à Leuven et les CGSP wallons à Charleroi. Si une autorisation peut être obtenue, il y aura aussi une concentration à Bruxelles. En conclusion, les 28 et 29 avril, on essaiera de donner de la visibilité au point de vue de la CGSP-ACOD sur la politique gouvernementale (si nécessaire, par le placement d’annonces payées).
Semaine de 38 heures ?
On remarque que l’intention d’action de la CGSP-ACOD — suivie, peut-on effet espérer; par les collègues chrétiens et libéraux – est en première instance détachée des plans d’actions de l’interprofessionnelle FGTB-ABVV. En effet, un appel est lancé pour une concentration interprofessionnelle de militants à… Bruxelles. Via cette manifestation, la FGTB veut surtout mettre l’accent sur son opposition aux plans du Ministre du Travail Kris Peeters (CD&V) concernant la réforme du marché du travail. Plus précisément, la FGTB se tourne contre l’activation des malades de longue durée, contre l’ « assouplissement » du travail intérimaire et contre le démantèlement de la semaine de 38 heures.
Panama…
La colère chez les travailleurs du secteur privé contre ces plans est exceptionnellement grande. Pas étonnant quand en même temps nous devons constater que les multinationales paient à peine des impôts et (réussissent à s’en tirer !) et que de riches profiteurs peuvent continuer à utiliser tranquillement des paradis fiscaux comme le Panama. Le mécontentement grandit donc. Reste la question de savoir si les directions syndicales peuvent vaincre leurs différences d’opinion internes à propos de la stratégie et de la tactique pour déchaîner une dynamique offrant une perspective réelle à la colère des travailleurs (public et privé).
Car comme le disent les syndicats eux-mêmes : Maintenant c’est assez – la coupe est pleine !
13/04/2016