Le 25 mai prochain, la gauche a une chance d’élire des représentant-e-s dont les actes seront conformes à leurs paroles. Des représentant-e-s qui s’opposeront à l’austérité. Des représentant-e-s qui relaieront les luttes et les revendications des 99%. Des représentant-e-s qui oseront s’attaquer aux diktats de la troïka. Des représentant-e-s qui se battront pour que la facture de la crise soit payée par les riches et les capitalistes qui en sont responsables.
Cette chance peut se concrétiser en votant pour les listes PTB-GO ! (Gauche d’Ouverture). Ne la gaspillons pas. A celles et ceux qui hésitent parce qu’ils craignent de faire le jeu du MR, de la NVA ou de la droite extrême, nous disons : ne vous laissez pas endormir par des promesses, ni intimider par des menaces. Oui, il y a le danger d’un gouvernement plus à droite, oui il y a le danger d’une régression sociale encore plus dure, oui il y a un danger de scission du pays et de la sécurité sociale… Mais ces dangers-là ne seront pas conjurés en votant pour le « moindre mal », car c’est le «moindre mal » qui les nourrit.
Quand la gauche mène une politique de droite, elle désespère son camp et fait le lit de la droite. Le « moindre mal » devient alors le « moindre moindre mal », puis le « moindre moindre moindre mal », et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de différence entre la politique de la « gauche » et celle de la droite : elles sont toutes deux néolibérales, et ont toutes deux pour résultat que les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. On en est là.
En Espagne, au Portugal, en Grèce, en Allemagne, en Grande-Bretagne cette politique a abouti à la formation de gouvernements de droite homogènes. Ceux-ci ont alors profité du gâchis et de la démoralisation pour aller plus loin dans les attaques, s’en prendre aux libertés syndicales et remettre en cause les droits des femmes. Ces expériences – et celle de la France, qui se déroule sous nos yeux !- ne laissent aucun doute : loin d’être un « moindre mal », la gestion social-libérale du capitalisme en crise fait peser un danger majeur sur le monde du travail.
Face à ce danger, il est non seulement nécessaire mais urgent que la gauche envoie des élu-e-s de gauche dans les parlements. Petite organisation, la LCR a reconnu très vite l’importance du début de percée du PTB lors des élections communales et provinciales d’octobre 2012. Elle en a tiré les conclusions, en fonction des intérêts des travailleurs et des travailleuses. Ceux-ci ont été clairement et courageusement exprimés par la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut qui, dès le Premier Mai 2012, appelait au rassemblement pour créer une alternative anticapitaliste à gauche du PS et d’Ecolo. C’est dans cet esprit que la LCR a oeuvré activement au regroupement PTB-Gauche d’Ouverture, avec des personnalités indépendantes et le PC.
Nous assumons ce bilan. Mieux : nous en sommes fiers. Nous sommes fiers d’avoir apporté notre pierre à ce rassemblement qui, malgré ses imperfections, rend l’espoir aux exploité-e-s et aux opprimé-e-s. Nous sommes fiers d’avoir ainsi contribué à faire en sorte que les revendications immédiates des 99% -pour la justice sociale, la justice fiscale, l’emploi, le refinancement du secteur public, notamment – soient pour une fois au cœur du débat politique. Nous sommes fiers de participer à une campagne électorale dans laquelle la gauche fait prise, pour la première fois depuis longtemps. Nous comptons bien, par cette politique, poser un jalon vers l’émergence d’un nouveau parti large du monde du travail, un parti aussi fidèle aux intérêts du monde du travail que les partis traditionnels sont fidèles aux intérêts du capital.
En même temps, la LCR ne met pas son programme en poche. Sur un certain nombre de questions, le PTB nous semble trop timoré. Nous sommes pour les 32H sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction des cadences. Nous sommes pour la création d’une seule banque publique par la nationalisation de la finance sans indemnités ni rachat et sous contrôle démocratique de la collectivité. Pour sauver la planète, nous soulignons l’urgence d’une rupture avec le productivisme qui a trop longtemps contaminé la gauche. Enfin, face à la vague réactionnaire des tenants de la morale bourgeoise, nous levons plus que jamais le drapeau de la lutte autonome des femmes pour leur émancipation. Pour celles et ceux qui partagent notre engagement, voter LCR sur les listes PTB-GO est ainsi un vote doublement utile.
(éditorial de La Gauche, avril-mai 2014)