Le capitalisme est à bout de souffle, la démocratie est bafouée, les hommes, les femmes et les écosystèmes sont détruit.e.s sur l’autel de la croissance, de la consommation de masse et de l’accumulation des richesses par une minorité de la population mondiale. Des espaces de vie humaine et animale toujours plus grands, urbains et ruraux, sont l’objet de la gestion d’une minorité d’acteurs politiques et économiques qui tiennent peu compte à la fois des impasses du système capitaliste, mais aussi du fait que la soi-disant démocratie représentative n’est plus légitime pour une part grandissante de la population.
La crise n’est plus une crise, c’est un état permanent. De partout sur la planète, à mesure que le système capitaliste et l’idéologie néolibérale se fissurent, à des échelles différentes, de manières différentes et avec des impacts différents, les soulèvements populaires et les mouvements sociaux se multiplient ces dernières années. Certains ouvrent des brèches pour penser différemment nos existences d’aujourd’hui et de demain.
Parmi ceux-ci, nombreuses sont les mobilisations des 15 dernières années qui se sont construites pour combattre des grands projets productivistes d’aménagement divers et d’un temps révolu. Méga-infrastructures à visée commerciale (usines, industries, immobilier…), projets liés au transport (ports, aéroports, lignes à grande vitesse…), projets extractivistes (mines, gaz de chiste…), tous sont menés avec des procédures démocratiques qui laissent à désirer, voire qui sont absentes ou ne représentent plus la poursuite du « bien et bonheur commun » qui devrait être l’objectif final de toute démocratie.
Parmi ces résistances, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (en France, près de Nantes) s’est rendue célèbre par la résistance à la répression à laquelle ses occupant.e.s ont dû faire face en 2012, quand l’État a voulu les expulser des terres et cabanes qu’ils occupaient depuis 2009 contre la construction d’un nouvel aéroport destiné à remplacer celui de Nantes. Très vite renommée « Zone à défendre – ZAD » par les occupant.e.s pour lutter contre le projet nommé « Zone d’aménagement différé » par l’État. Suite à une manifestation de plus de 30.000 personnes sur la zone un mois après le début des expulsions, des réoccupations ont eu lieu et les travaux qui devaient voir le jour en 2013 n’ont pas démarré. On dénombre plus d’une dizaine de ZAD en France contre d’autres GPII (Grands Projets inutiles et imposés) avec des projets stoppés temporairement ou on l’espère… à jamais. Différents sites internet relaient les combats de ces « zones à défendre » (1). Ces luttes sont connectées entres elles de manière assez invisibles et pourtant elles forment un vrai réseau (2). Des cartes de ces luttes se multiplient sur le web (3).
La diversité dans sa complexité et son unité
Il faut éviter d’enfermer les ZAD dans un archétype « tout fait » d’une « nouvelle » façon de lutter (4), même s’il existe des similitudes comme celle d’affirmer une unité composée d’une biodiversité de méthodes d’agir, de profils et stratégies politiques, de classes, de militants (paysans, activistes, écologistes, autonomes…). Ou encore le fait qu’il s’agit en général de lieux qui refusent l’aménagement du territoire par des forces capitalistes pour des raisons de profits, ou par l’État au nom de la croissance, de l’efficacité des infrastructures etc. Enfin, bien souvent, ces zones tentent d’articuler « Résilience et Résistance », et ce bien souvent avec une géométrie variable.
Contre la méga-prison et son monde:
Résilience et Résistance à Haren
Bruxelles aussi à sa ZAD. En Belgique aussi les derniers espaces verts de chez nous comme à Haren (5) sont progressivement et méthodiquement bétonnés et de moins en moins nombreux à échapper au travail des bulldozers et à l’appétit insatiable des promoteurs immobiliers. Dans un village de Haren déjà étranglé par l’appétit capitaliste, l’Etat belge envisage de construire une méga-prison qui, en dehors des constructeurs et des politiques, ne conviendra à personne et aggravera les problèmes. Construire une nouvelle prison, bétonner des terres potentiellement nourricières : ce sont des choix de société qui exigent des débats. Ces débats sont redoutés et fuis par les commanditaires de cette méga-prison qui sont poussés par des intérêts financiers et veulent accélérer sa construction.
Nous ne nous laissons pas faire, osons des discussions sur l’enfermement, sur la sauvegarde des espaces de nature, le futur de l’agriculture et la souveraineté alimentaire de Bruxelles, sur les dénis de notre droit à la liberté. Nous occupons la ZAD de Haren pour défendre nos vies, réinventer nos existences, dans le respect des peuples et de la planète ! Résister c’est créer et créer c’est résister ! Rêves et révoltes !
Notes :
1) http://zad.nadir.org/, http://zadroybon.wordpress.com/, https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/
2) http://www.reporterre.net/Les-luttes-contre-les-grands-projets-inutiles-forment-un-reseau-souterrain
3) http://www.reporterre.net/Dossier-GPII-Grands-projets
4) Lire à ce sujet le texte «ZAD Nulle part» sur http://haren.luttespaysannes.be/pourquoi-la-lutte/article/zad-nulle-part
5) http://haren.luttespaysannes.be